Ils ont fait la guerre
Décembre 1919 – Le maire et son secrétaire comptabilisent dans le registre d’état civil le nombre de mariages célébrés : 22 ! La commune retrouve un chiffre en accord avec la situation d’avant-guerre. Alors qu’aucun mariage n’a eu lieu en 1915 et seulement trois ou quatre en 1916, 1917 et 1918. Cette situation a inévitablement fait chuter le nombre annuel de naissances : deux fois moins pendant les années de guerre. En ajoutant les 105 Germanais morts pour la France 1, l’impact sur la démographie de Saint-Germain-en-Coglès est considérable. La commune perd 337 habitants entre 1911 et 1921, passant de 2401 à 2064. Précisons qu’entre 1914 et 1918, le conflit est responsable de 30 à 38 % des décès dans la commune avec une pointe à 30 décès en 1915.
Août 1914 – Au cours du mois, 197 Germanais sont mobilisés. Ils rejoignent leurs régiments puis partent « aux armées » dans les jours ou semaines suivantes. Dès le 10 août, un tailleur de pierre né et domicilié à Saint-Germain-en-Coglès meurt au combat : Clément Ramel, 26 ans, est le premier d’une longue liste. Au moins 390 hommes quitteront la commune. Agés de 18 à 47 ans, 78,7 % seront soldats. Plus d’un quart seront blessés et 8,2 % connaitront la captivité. Parmi eux, 26,9 % mourront au front, de blessures, de maladie ou en convalescence dans leurs familles. Quelques-uns seront inhumés dans le cimetière du village.
Pour atténuer la froideur de ces chiffres, tournons-nous vers une population masculine plus large dans une étude d’environ 800 Germanais 2 au moment de leur recensement militaire à l’âge de 20 ans. En moyenne, ils mesurent 1 mètre 62. Concernant leur niveau d’instruction, 79 % savent livre, écrire et compter. Leurs parents leur ont donné majoritairement pour prénom Jean ou Jean-Marie (15,7 %) et Joseph (13,7 %). Aimable, Charles, Etienne, Gabriel, Germain, Magloire, Toussaint, Vincent et Zacharie sont des prénoms beaucoup plus rares. Nous y dénombrons 18,7 % de tailleurs de pierre et 58,4 % dans les activités agricoles 3.
1919/1921 – Démobilisation et retour à la maison. Les familles doivent se reconstruire avec leurs défunts, leurs estropiés, leurs 70 orphelins 4. Le conseil municipal vote l’érection du monument aux morts. Mais le choix de son emplacement fait débat : nouveau cimetière, abords de l’église ou place publique... Puis la presse publie la liste des quelque 600 souscriptions recueillies pour compléter son financement. Enfin, le monument à la gloire des Morts pour la France de la commune est inauguré le 26 juin 1921. Journée religieuse, patriotique, commémorative et populaire.
1922 – Nous recensons 55 naissances. La natalité retrouve presque la situation d’avant-guerre.
2008 – Lazare Ponticelli, dernier vétéran français, disparaît à l’âge de 110 ans. La Nation lui rend alors hommage ainsi qu’à l’ensemble des poilus de la « Der des ders », expression qui s’est forgée à la suite de la Première Guerre mondiale.
Sources : Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, Archives municipales de Fougères, Mairie de Saint-Germain-en-Coglès, Archives paroissiales, http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
1 Morts pour la France domiciliés dans la commune parmi les 118 inscrits sur le monument, en y ajoutant les absents.
2 Nés entre 1867 et 1899 et dont les classes ont été mobilisées.
3 Cultivateurs, laboureurs, journaliers et domestiques agricoles.
4 Pupilles de la Nation.