Saint-Germain-en-Coglès (35) - Le mitraillage de juin 1944
Ce mercredi 14 juin 1944, la France est loin d’être libérée. Quelques jours après le Débarquement, les populations civiles sont toujours occupées ; les Fougerais viennent d’être bombardés. Ce 14 juin, le général de Gaulle est de retour sur le sol de France, quelque part sur une plage normande.
A Saint-Germain-en-Coglès, ce matin-là, plusieurs fidèles participent à une messe. Odette, 10 ans, et sa sœur Simone, 13 ans, assistent à la cérémonie. Marie, une autre jeune fille, est restée chez sa mère commerçante. Au même moment, Marcel, 14 ans, fauche de l’herbe à Quérée et Louis, 10 ans, garde des vaches au Rocher Cadin. Quant à Marie, 27 ans, elle lave du linge dans une prairie proche de la mairie.
Soudain, le ciel est envahi d’un bruit assourdissant mais reconnaissable… Des avions Alliés survolent la campagne germanaise… Charles, secrétaire de mairie, les aperçoit dans leur approche du bourg. Inquiets, André et ses frères se cachent sous la longue table de la salle à manger de leurs parents. Que se passe-t-il ce mercredi entre 8h et 8h30 ?
La veille, les Allemands ont réquisitionné les derniers véhicules qui ne l’avaient pas encore été jusque-là. En effet, boucher, carrier ou minotier pouvaient toujours les utiliser. Ordre est donné de les rassembler place de la Mairie. La camionnette du boucher Marcel Besnard est concernée. A cette époque, il employait un certain Jean Hamon mais aussi Louis Denizard, un réfugié venu de la région parisienne. Denizard était logé rue de Saint-Etienne avec sa femme et sa fille. La fabrication du boudin était sa tâche principale. Le matin, pendant la messe, les trois hommes cherchent à gêner l’Occupant en tentant de retirer les roues du camion réquisitionné. Mais leur initiative n’est pas terminée quand les avions opèrent leur premier survol. Au second passage, le mitraillage commence en direction de la place de la Mairie. Les balles atteignent les trois compères. Marcel Besnard et Louis Denizard sont tués sur le coup ; Jean Hamon, blessé, sera pris en charge par un médecin. En sortant de l’église, les paroissiens se rendent compte…
La peur s’installe alors parmi les habitants du bourg qui préfèrent rejoindre la campagne pour dormir en évitant les lieux-dits proches de Marigny en raison de la présence allemande. Ils retrouvent les nombreux Fougerais hébergés depuis les bombardements de la ville. Pour certains Germanais, cela perdurera jusqu’à la Libération début août.
Les obsèques des deux victimes auront lieu le samedi suivant. Ils laissent derrière eux deux veuves et quatre orphelins. En 1946, la mention « Mort pour la France » sera ajoutée sur leurs actes de décès. Puis le maire, Alfred Mauduit, prendra l’initiative de faire inscrire les deux noms sur le monument aux morts. Enfin, en 1949, la veuve de Louis Denizard fera transférer la dépouille de son mari au cimetière de Fontenay-sous-Bois. Quant à Jean Hamon, il a fondé une famille en région parisienne.
2024 est l’année du 80e anniversaire du Débarquement, mais aussi de ce mitraillage. Aussi, une stèle commémorative a été inaugurée en juin. C’est une démarche de mémoire et un geste fort envers les descendants des victimes.